En sombrant dans l’Océan Atlantique en septembre 2002, le Joola laisse sur les rivages du Sénégal et d’ailleurs ceux qui vont devoir apprendre à vivre sans leurs proches ou, tout autant, avec leur absence.

De Dakar à Marseille, la douleur partagée de familles endeuillées résonne au quotidien et chacun tente, à sa façon, de préserver le lien avec les disparus si présents.

Invocations et évocations vont désormais rythmer les nuits de Coumba. Bouba, son aimé, a rejoint les rives de Sangomar la laissant seule avec leur toute nouvelle née, Fadikiine.

Foncièrement libre et indépendante Coumba se soumet pourtant à la rituelle période de veuvage que lui imposent les us et coutumes sérères-niominkas que les lecteurs non familiers découvrent ici.

L’écriture sera pour la jeune femme le radeau d’une traversée rituelle vers l’aimé et les veilleurs de l’au-delà. Mais il s’agit aussi pour la jeune mère de laisser à sa fille des traces de son histoire familiale.

D’une écriture intensément imagée, Fatou Diome souligne la palette des sentiments et des interrogations qui s’emparent de Coumba face au gouffre de l’absence, mais emportée par la puissance de l’écriture...et de l'amour.

“ Comme d’autres tricotent ou brodent, peignent ou sculptent, se droguent ou se taillent les veines, elle écrivait.
…Plume en main, c’est ainsi qu’elle affrontait la nostalgie, survivait à l’absence de Bouba et vivait pour Fadikiine…”

 

Albin Michel, 2019