Pressentant sa proche fin de vie, le poète et romancier décide de revenir sur ce et ceux avec ou contre lesquels il s’est construit. «Tout a commencé à quatorze ans, quand j’ai décidé de consacrer ma vie à la poésie» nous dévoile Jim Harrison au terme de ce récit qu’il intitule «Passacaille* pour rester perdu, un épilogue».
En arrivant à ce dernier chapitre, le lecteur aura refait avec le narrateur la traversée d’une vie marquée par ses passions pour les mots, les femmes et le vin.
Mais aussi les cochons, les grands espaces, la solitude choisie et les voyages.
Mémoires, à la troisième personne, d’un saltimbanque qui dresse de lui-même un portrait à la fois sans concession et plein d’indulgence car il ne se juge jamais. De son personnage, l’auteur-narrateur dit les tourments intérieurs : un cauchemar récurrent qui le terrasse régulièrement, une blessure pleine de colère depuis la mort accidentelle de son père et d’une sœur, une santé défaillante par trop malmenée…
Il en raconte aussi les empreintes d’enfance qu’il tente de retrouver.
De cet enseignant, auteur et scénariste à succès il évoque le rapport à l’écriture, la sienne et celle de quelques uns qui l’auront imprégné, ses ruses de « chat/souris » avec ses éditeurs.
Personnage régulièrement déjanté, il se joue de lui-même, à l’ombre de quelques proches dont la fidèle présence se dessine aux détours du récit d’aventures ou de mésaventures partagées.
Ainsi de sa femme, que leur vie commune semble avoir largement éprouvée, et qui lui garde une bienveillante tolérance et partage avec lui, de loin en loin, une étreinte passionnée.
Après ce retour sur une vie mouvementée, Jim Harrison s’est éteint en 2016, à l’âge de 79 ans.
Editions Flammarion, 2016
sur la couverture : portrait de Jim Harrison par Jean-Luc Bertini
*musique de théâtre à danser