En ces jours de « Printemps des poètes », un instant de poésie, de celle qui remue, qui bouscule, qui bouleverse !
« Je veux une poésie qui s’écrive à hauteur d’hommes. ...
...Le territoire de cette poésie, c’est le monde d’aujourd’hui, avec ses tremblements et ses hésitations. »
Dès sa préface-manifeste de poète, Laurent Gaudé s’engage aux côtés de ceux qui sont bafoués dans leur humanité.
Huit longs poèmes, comme des chants, scandent ce recueil de textes qui nous disent l’homme dans un monde où certains errent en quête de lieux d’accueil qu’ils ne trouveront jamais tout à fait. Nous parcourons des routes d’exode d’hier et d’aujourd’hui, dans la misère et la débâcle, et faisons escale dans les « camps » de réfugiés d’ailleurs et d’ici. Des lieux de désolation où perce pourtant, parfois, l’espoir d’être homme à nouveau.
Dans ces épopées pour la survie, celle « De sang et de lumière » évoque l’intime de l’auteur. Laurent Gaudé nous y fait le récit d’une aventure familiale qui a jeté sur les routes du chaos guerrier, ses ascendants. Du Nord au Sud, vers les rivages d’une Méditerranée salvatrice bientôt devenue la mer où « chaque jour on meurt en tentant de la traverser ».
En clôture du recueil, « Le serment de Paris » est un hymne à la liberté face à l’obscurantisme. Lisez, écoutez plutôt, ces derniers mots :
« .....
Ce qui grandit et nous donne la force de relever la tête,
C’est la part belle,
Que nous sauvons, siècle après siècle,
Comme un bien précieux au-delà de nos vies,
La part belle
De lumière
De sourire
Et d’esprit. »
(2016)
Romancier, dramaturge, Laurent Gaudé choisit ici une parole de poète, et atteint de manière plus percutante encore son lecteur. « Le monde d’aujourd’hui est épique, tragique, traversé de forces violentes. Il se rappelle à nous avec brutalité. Des failles idéologiques réapparaissent. Des menaces grondent. Il faut dire et tenir ce que l’on est, ce que l’on veut être ».