(Mes) 6 raisons de voir Moi Daniel Blake
1- Ken Loach. Il est de ces réalisateurs dont on connaît un peu toutes les ficelles, mais dont on admire le travail, la ténacité et l’engagement sans failles. A 80 ans, il demeure une figure incontournable du cinéma britannique.
2- Dave Johns. Comme à son habitude, Ken Loach aime sortir des sentiers battus pour trouver ses interprètes. Sous son allure bonhomme, Dave Johns, acteur de stand up et fils de menuisier, incarne avec force et justesse un charpentier sexagénaire fatigué, décidé à faire entendre ses droits.
3- La sauvegarde des services publics. Daniel Blake, déclaré inapte à travailler par le médecin, se retrouve néanmoins contraint de trouver un emploi. Au fil de ses démarches, on découvre une administration à demi privatisée, où le conseil, la considération et la prise en charge ne sont plus au cœur des préoccupations, laissant les plus faibles dans le plus grand désarroi.
4- Un peu d’humanité dans un monde de brutes. Alors que le personnage se débat au milieu de ses problèmes, il trouve de l’aide pour remplir sa demande d’indemnité en ligne auprès de ses voisins, et vient lui-même apporter son soutien à une jeune mère de famille dans le besoin. Bref, l’entraide et la solidarité, des valeurs qui font du bien.
5- La représentation des pauvres au cinéma. Ken Loach en a fait sa ligne conductrice mettant en lumière les plus exclus, les démunis les sans voix de Riff-Raff, Raining Stones à My name is Joe. A contrario, parfois caricaturés, souvent absents, les pauvres sont peu ou mal représentés dans le cinéma français, préférant les intérieurs feutrés petits-bourgeois, ou les histoires « contes de fées » où le pauvre accède enfin au bonheur.
6- L’absence de concessions. Si les élans de solidarité apportent une bouffée d’air dans ce scénario kafkaïen, Ken Loach ne fait pas dans le détail et livre une issue désespérée à ses personnages (et au spectateur), comme pour mieux dénoncer frontalement l’absurdité terrible du système.